Wolfenstein The New Order en test, Schwedische Qualität

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Les remous dans la classe politique européenne font bien les affaires du grand retour de William B.J. Blazkowitcz. En effet, peu après la sortie de Wolfenstein The New Order, on constate une montée en puissance des partis d’extrême droite lors des élections européennes un peu partout dans les 28 états de l’union. Et si on est hélas loin du coup de pub de la part de Bethesda, le jeu n’a pas attendu ce remue-ménage pour bien fonctionner et se placer rapidement en haut des charts. Etonnant car à quelques mois de sa sortie on l’avait presque déjà oublié. Finalement, et parce qu’on ne refuse pas un petit massacre de nazis en règle, voilà que je replonge gaiement dans l’univers de Wolfenstein, presque 5 ans après la sortie du titre de Raven Software. Le The New Order de MachineGames continue le chemin emprunté par son aîné sur la voie hollywoodienne.

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Il est toujours question de défourailler du vilain germain en costume noir et rouge dans la peau de notre bon vieux héros, mais le jeu va plus loin que son prédécesseur. Après un prologue qui se déroule en 1946 et qui sert de gros tutoriel pour comprendre les bases du FPS décérébré et introduire les protagonistes de l’aventure, on retrouve B.J. 14 ans plus tard dans un hôpital psychiatrique polonais. Rapidement et avec horreur, on découvre l’uchronie mise en place par les développeurs : MachineGames y décrit un monde où les nazis règnent en maîtres après avoir gagné la Seconde Guerre Mondiale. Qu’à cela ne tienne, B.J. Blazkowitzc n’était pas là lors de la signature de l’armistice et ne compte pas se rendre sans combattre. Vous imaginez donc la suite. Oui, vous allez tuer du nazi sous toutes ses formes : humaine, super-humaine, robotique, animale, il y en aura pour tous les goûts et jusque là, il n’y a rien d’extraordinaire dans ce titre.

Mais c’était sans compter la belle brochette de développeurs suédois qui forment MachineGames : des anciens de Starbreeze qui ont officié sur les FPS Riddick et The Darkness. Autant dire qu’ils savent raconter des histoires et qu’ils ont le sens de la mise en scène. Et bien je vous le donne en mille, c’est là que brille Wolfenstein The New Order. Le jeu sera donc entrecoupé de séquences cinématiques plus ou moins longues et interactives présentant B.J. et ses potes de la résistance locale (une sorte de Kreisau Circle à la sauce sixties menée par Caroline Becker qu’on retrouve ici paralysée) et les grands méchants du jeu avec Wilhelm « Deathshead » Strasse à leur tête. L’histoire avance, les éléments d’un bon nanar du dimanche soir sur TMC semblent réunis, mais le tout sonne étonnamment bien. On avance dans le jeu et on est assez bluffés par la qualité de l’écriture et des recherches effectuées pour rendre cette réalité parallèle horriblement crédible.

On regrette cependant que le studio se soit permis, probablement par manque de temps, certaines pirouettes scénaristiques vues par le joueur comme des coupures franches dans l’histoire, des aller-retour un peu trop rapides entre les niveaux. Cette timeline étrange qui nous troublera jusqu’à la toute fin du jeu nous laisse comme un sentiment d’inachevé. Pour ce qui est du jeu de tir en lui-même, Wolfenstein The New Order utilise l’ID Tech 5 de RAGE et est donc redoutable dans les sensations de shoot qu’il apporte, surtout lorsqu’on se trimballe avec un fusil à pompe dans chaque main, mais là encore on aurait aimé plus de sang, après tout c’est un Wolfenstein ! La petite nouveauté en terme de gameplay introduite par ce FPS très classique est le fusil laser. Oubliez les pinces-monseigneur, cette petite merveille de technologie vous permettra de vous mouvoir au nez et à la barbe des soldats, de les exploser sauvagement ou de les éliminer en douceur en découpant les grillages et plaques de métal pour vous glisser dans leur dos.

Hélas, le concept de découpe est loin d’être utilisé à son maximum et l’on se contentera d’utiliser le laser que lorsque l’environnement nous l’autorise. Autre point noir beaucoup plus pénalisant : l’intelligence artificielle des ennemis qui laisse véritablement à désirer, à croire que les développeurs ont repompé honteusement les lignes de code de Wolf 3D. Ajoutez à cela un level-design qui s’il nous envoie sur la Lune, reste somme toute très classique laissant le joueur alterner couloirs étroits avec renfoncements dans les murs pour se favoriser le close-combat et zones plus ouvertes sur plusieurs étages : MachineGames a donc donné dans le minimum syndical en terme de shooter. A l’image de tout le jeu, les boss (pas une grande spécialité des ex-Starbreeze) n’ont aucun véritable pattern et se contenteront d’être de gros sacs de PVs à dégommer, comme des super-super-nazis en quelque sorte. Cela n’en fait pas pour autant un mauvais FPS, juste un FPS décérébré de plus.

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Après avoir passé une dizaine d’heures sur l’histoire principale (un peu plus si vous comptez faire le scénario alternatif du jeu et voir une autre version de certaines séquences cinématiques), vous pourrez toujours fouiller les niveaux à la recherche des codes Enigma planqués ici et là mais la rejouabilité s’arrête ici. Il est a noter que Wolfenstein The New Order tranche également avec ses ancêtres en ne proposant pas de mode multijoueur. Terminons ce test en évoquant la technique, si le moteur ID Tech 5 est maintenant maîtrisé et est parfaitement utilisé par le studio (très peu de popping de textures constaté même dans des environnements vastes), il reste que les assets souffrent d’une qualité de travail inégale, surtout au niveau des textures tantôt superbes, tantôt de piètre qualité dans la version PC que nous avons pu tester.

Conclusion

Techniquement au point, le premier projet de MachineGames est un FPS surprenant de qualité qui ne tombe pas dans les travers d’un Call Of Duty, mais à l’inverse ne prend aucun risque en terme de gameplay. Il faut donc se reposer sur une uchronie extrêmement bien documentée et réfléchie, jusque dans la bande son qu’on peut vraiment qualifier d’originale et dans une architecture remarquablement réaliste, pour savourer tout ce que ce Wolfenstein The New Order a à offrir au joueur. On retrouve également une réalisation percutante à tous les niveaux et des personnages bien écrits, véritables signatures des anciens de Starbreeze, durant toute la durée de l’aventure. On regrette juste la relative linéarité des niveaux, une IA aux fraises et l’approche terriblement classique voulue par les développeurs pour cette première production. Dommage que ces couacs s’invitent bien trop rapidement à la fête.

Note globale

★★★½☆

BiLLOU95, Rédacteur en chef

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