Metal Gear Solid V Ground Zeroes en test, le cul entre deux chaises

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On ne va pas le cacher, il est de notoriété publique dans la rédaction que je suis un grand fan de Metal Gear. Cette saga initiée par Hideo Kojima en 1987 sur MSX2 et NES, a connu son véritable décollage à partir de Metal Gear Solid en 1998 sur PlayStation. La série a toujours été sujette à polémiques que ce soit du point de vue du scénario, sorti des méandres du cerveau de Kojima, ou des campagnes marketing dignes des plus grands hoax de l’histoire du jeu vidéo. Mais au-delà des discussions avec ses partisans et ses détracteurs, chaque épisode a été unanimement reconnu a minima comme bon jeu de la part des critiques. Aujourd’hui, marque un tournant dans l’histoire de la franchise. La saga passe à l’open world avec un certain nombre de changements au menu, mais surtout tout le monde n’est plus si unanime que ça concernant ce Metal Gear V Ground Zeroes.

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Tout commence bien dans ce nouveau MGS. Une cinématique d’introduction digne de tous les grands épisodes de la saga, ça respire la conspiration, les manœuvres et la philosophie du soldat. C’est clair, nous sommes bien en train de lancer une nouvelle partie d’un Metal Gear. Comme d’habitude, le jeu démarre par l’infiltration de Snake dans une base militaire pour sauver quelqu’un. En l’occurrence deux enfants soldats appartenant au camp de Big Boss. Car oui exit Solid Snake dans Metal Gear Solid 5 on retrouve Naked Snake aka. Big Boss de l’épisode Snake Eater et des épisodes PSP. L’histoire est donc antérieure aux évènements du premier Metal Gear Solid et se déroule juste après Peace Walker, soit en 1975. Cette introduction nous met directement au contact du moteur maison, le Fox Engine.

Il faut avouer qu’il fait assez bien son travail, une bonne profondeur de champ, de l’anticrénelage plutôt propre, effet de lumière convaincant et de bonnes textures. Oui, on peut le reconnaître, c’est beau et propre… peut-être un peu trop. De nuit sous la pluie un effet plastique était présent, surtout sur le rendu des vêtements des personnages. Bon, rien de dramatique, mais assez surprenant au premier abord, même si cela s’intègre très bien dans la direction artistique à laquelle nous sommes habitués sur la licence. Passé les joies de la cinématique se concluant sur un superbe fond sonore (de Joan Baez avec Here’s to You), place à Snake qui s’infiltre dans la base pour accomplir sa mission. Premier constat : si dans les précédents opus Snake était toujours dans une sorte de grand couloir avec de petites salles ici nous sommes dans une seule et unique grande base. Libre à nous de la visiter comme on l’entend. De ce côté-là, Ground Zeroes tient aussi ses promesses.

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Les objectifs de cette mini campagne peuvent s’effectuer dans l’ordre désiré même si pour s’en rendre compte il faudra certainement refaire le jeu à de multiples reprises. Pas d’inquiétude, vous pourrez rapidement recommencer une partie puisqu’à titre d’exemple il ne m’aura fallu que 111 minutes pour terminer la mission principale du jeu. Oui, cela est court, vraiment court. Après l’avoir terminé, on a accès à de nouveaux objectifs de missions, mais toujours dans la même base et si on nous a promis un grand environnement ouvert il faut quand même relativiser la taille de la map qui n’est qu’une petite base militaire. Ce n’est pas non plus la grande folie concernant sa taille, mais il faut reconnaître que le level design est plutôt bon et cohérent.

Au niveau des contrôles par trop de problèmes non plus, on se retrouve en terrain connu, on reste relativement proche du 4° épisode de la saga. Courir, ramper, marcher baissé, se jeter au sol, se mettre à couvert, bref du tout cuit. C’est loin d’être un défaut de ce côté-là d’ailleurs. Ce sont plutôt les nouveautés qui sont, comment dire ? … bof. Ainsi, lors de votre première partie (en mode normal obligatoirement), lorsqu’un ennemi vous repérera vous passerez dans une sorte de Bullet Time vous permettant de verrouiller rapidement le soldat en question pour l’abattre prestement avant qu’il ne déclenche une alerte. L’idée n’est pas mauvaise, mais on rencontre vite la faiblesse d’un tel système, j’ai pu alors traverser la map en courant de long en large et tant que je ne croisais pas plus de deux ennemis à la fois je n’ai jamais déclenché l’alarme. Bon, vous allez me dire que l’option peut être désactivée, mais comme d’habitude, peu de joueurs feront l’effort d’aller dans les options.

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Il faudrait en plus s’assurer que désactiver l’option ne nuit pas au design du jeu d’une manière générale. Alors bien sûr il y a des ajouts bien “MegaKewl” (comme dirait BiLLOU95) sur le papier en tout cas, comme par exemple les véhicules. Vous croiserez dans le lot jeeps, camions et véhicules blindés anti-infanterie. Les croiser et les conduire bien sûr. Vous serez d’ailleurs plus difficile à reconnaître dans un camion que dans une jeep décapotable, ce qui est plutôt bien vu ! Par contre, la conduite n’est pas fantastique, notamment à cause d’une physique un peu douteuse au niveau des collisions qui vous arrêteront net lorsque vous percuterez un objet statique. Il aurait été facile de s’attendre à défoncer un grillage pour se faire une ouverture, mais non ! Ils sont invulnérables dans le monde de Kojima. Dommage.

Dernier point concernant la jouabilité avec une PlayStation 4. Possesseur d’une PlayStation Vita, j’ai pris sur moi d’y jouer en Remote Control. Bonne nouvelle, cela fonctionne. Le jeu comme presque tous les jeux sur le catalogue de la dernière console de salon de Sony est pris en charge. Néanmoins, il utilise les boutons des sticks droit et gauche (R3 et L3) en plus des quatre gâchettes arrière. Cela devient vite une véritable prise de tête à utiliser sur une Vita puisque par défaut L1 est placé sur le pavé tactile arrière de la console en haut à gauche et L3 en bas à gauche de cette même surface. Je vous mets donc au défi d’utiliser les jumelles (R2) puis de zoomer (R3) et de regarder autour de vous (stick R) tout en tenant de vos deux mains la portable. Le tout bien sûr sans relâcher aucun de ces trois contrôles. A titre d’information cette manipulation est nécessaire pour « locker » et afficher les ennemis sur la carte à la façon d’un Far Cry 3. Cette fonction est d’ailleurs loin d’être un luxe dans le cadre de notre infiltration. Du coup je vous déconseillerais fortement de penser que vous pourrez y jouer sur vos toilettes de manière confortable.

Conclusion

Avec Metal Gear V Ground Zeroes, nous nous retrouvons devant un jeu bâtard. Un titre avec un contenu ridiculement faible plus proche d’une démo comme certains l’ont mis en avant, pourtant avec quelques bonnes idées bien senties et une réalisation propre et supportée par un Fox Engine plutôt mignon. Sans compter qu’encore une fois Hideo Kojima malgré toute sa mégalomanie arrive à nous proposer une ambiance qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, qui contribue à son identité et à une grande partie de son charme malgré les changements de gameplay au fil des épisodes. Mais cela est-il suffisant ? Je reste définitivement partagé. Si j’ai pris un certain plaisir à découvrir cet entremets qu’est « MGS V prologue ». Ce mini épisode m’a aussi énormément frustré. Peu d’histoire, pas de conclusion… On est juste devant une introduction à l’image du Tanker dans MGS 2 ou de l’opération vertueuse de MGS 3. Tout ça démarre bien, mais dans les opus précédents les intros faisaient partie d’un tout bien supérieur en termes de contenu. Je ne peux m’empêcher de me demander si tout cela part réellement d’une bonne intention ou d’un foutage de gueule organisé voir d’un hold-up pour les fans.

Je ne peux que vous conseiller d’attendre, mais attendre quoi ? Une baisse de prix ? Ou la sortie de MGS V The Phantom Pain… il est fort à parier que lors de la sortie de cet épisode, une édition regroupant les deux jeux en un seul , comme cela aurait dû être clairement le cas dès le début, sera de la partie. Le jeu a de nombreuses qualités, les fans n’attendront pas, mais ils ne m’ont pas attendu de toute façon, alors toi qui es indécis je t’encourage à patienter encore, tu ne rates fondamentalement rien à part une bonne dose de frustration et l’impression de beta-tester le prochain volet de la saga, le vrai celui que j’attends réellement.

Note globale

★★½☆☆

Delva, Responsable programmation podcasts et animateur

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