FRACT OSC en test, voyage au coeur de la musique électronique

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Après un passage plus que remarqué à l’IGF 2011 et une communication maîtrisée pendant les trois années de développement qui suivirent, voilà que débarque l’ovni indépendant FRACT OSC, un FPS d’exploration/puzzles musical pour le moins surprenant conçu par une petite bande d’étudiants Montréalais passionnés de musique électronique. L’attente fut longue pour moi, mais ça y est, j’ai pu faire le jeu dans sa totalité et suis en mesure de vous livrer mes impressions sur ce titre. Alors enfilez votre casque audio, détendez-vous et plongez avec moi dans l’univers de FRACT OSC.

Il est difficile de parler de FRACT sans vous gâcher le plaisir de la découverte, car l’attrait du jeu est avant tout de partir pour un long voyage vers l’inconnu. Pour reprendre le pitch de départ énoncé dans les différents teasers à disposition sur Internet, en lançant FRACT on débarque dans un monde étrange qui semble tourner autour de gigantesques machines en sommeil. Avec un HUD inexistant et pas une seule aide contextuelle, nous n’avons absolument aucune indication sur les règles qui régissent cet univers à mille lieues de ce que l’on a pu voir dans un jeu vidéo et ce sera à nous de découvrir le langage visuel et musical nécessaire à notre progression dans le jeu. C’est à la manière d’un Myst minimaliste, en triturant des interrupteurs lumineux, en interagissant avec d’étranges machines au fonctionnement obscur que l’on avance en comprenant plus ou moins ce que ce monde attend de nous.

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C’est d’ailleurs là l’une des forces de FRACT OSC : nous laisser nous questionner jusqu’à la toute fin du jeu sur notre rôle dans l’aventure. Est-on un catalyseur ou juste un spectateur curieux face à cet univers aussi mécanique qu’organique ne demandant qu’à se réveiller d’un profond sommeil ? Malgré toutes nous interrogations, tout porte à croire que le joueur est bien plus qu’un invité dans FRACT. A l’approche d’une des nombreuses machines infernales que compte le jeu, non seulement les rouages se mettent en mouvement, mais d’étranges sonorités en sortent. Dès les premières minutes du jeu, on sent le lien immuable entre musique et environnement, et pas juste n’importe quelle musique. Ici on parle de musique électronique dans sa forme la plus pure : les synthétiseurs. Chaque puzzle nous demande de composer avec un des différents types de synthétiseurs que l’on retrouve dans la vraie vie : bass, lead et pad.

Pour ne pas vous spoiler, je vais éviter de vous donner plus de détails sur ces puzzles à solutions multiples ou leur lien intime avec l’environnement. Certains feront appel à la logique, d’autres à vos talents cachés de musicien, etc. Enfin, vos actions laisseront des marques musicales indélébiles dans l’open-world de FRACT puisque chacune de vos compositions sera à jamais gravée dans les machines qui continueront à les jouer en boucle, comme pour célébrer à leur manière votre réussite. Lors de vos balades dans la map gigantesque, vous pourrez donc par exemple reconnaître au loin les échos d’un sample de bass composé quelques heures auparavant, magique. Cet amalgame forme une ambiance musicale planante de samples parfois minimalistes, souvent complexes et toujours pleins de vie. L’étrange mixture sonore de FRACT pourrait être comparée à un morceau de Boards Of Canada.

Et pour s’accorder avec cette bizarrerie musicale, les développeurs ont créé un univers qui ne ressemble à aucun autre. Peuplé de polygones anguleux, de néons sortants du sol, de plateformes lumineuses réagissant aux sons environnants et à votre présence, le monde de FRACT est unique. Tant et si bien que la découverte visuelle fait entièrement partie du jeu. Pour se diriger dans la vaste map ouverte, on peut bien évidemment marcher, mais également suivre la voie des airs via les téléporteurs situés un peu partout qu’il faudra au préalable déverrouiller. Et la richesse du jeu ne s’arrête pas là. A chaque puzzle réussi, vous débloquerez différents outils dans le studio, un véritable logiciel de création musicale multipiste intégré au jeu. Les joueurs ayant tripoté des softs comme Protracker sur Amiga, Impulse Tracker ou des programmes plus récents comme Renoise et autres retrouveront rapidement leurs marques.

L’outil proposé par Phosfiend Systems comprend un éditeur multipiste, une tonne d’effets temps réel (pitch, orbit, bend, tone, velocity et j’en passe), la possibilité de sauvegarder des patterns/pistes pour les réutiliser dans d’autres créations et même, cerise sur le gâteau, d’exporter des morceaux vers YouTube.

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Conclusion

FRACT OSC est bien plus qu’un simple jeu d’exploration, c’est une ode à la musique électronique dans sa forme originelle qui sera appréciée par les novices comme par les puristes du genre. L’ambiance visuelle et le level design cohérent créés par Phosfiend Systems sont en accord parfait avec une bande originale coécrite par le joueur et le compositeur Mogi Crumbles. Les puzzles, eux, ne sont jamais absurdes et illogiques. Enfin le studio d’enregistrement complet et accessible dans sa totalité sans même avoir à terminer le jeu fait partie intégrante du voyage offert par le studio québécois, et quel trip !

Note globale

★★★★½

BiLLOU95, Rédacteur en chef

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