Disney Infinity en test, le sandbox asthmatique

disney-infinity-91

Après 4 ans de développement et 100 millions de dollars investis, Disney sort enfin son produit hybride couplant figurines à collectionner, sandbox et jeu vidéo classique : Disney Infinity. Nous avions déjà pu mettre rapidement les mains sur la bête lors de salons et événements, mais ça y est, après une petite semaine de test en conditions réelles sur Wii U, nous sommes enfin aptes à vous fournir un avis sur ce titre ambitieux qui ne se cantonne pas à la simple aventure.

Car si le titre peut faire penser à un Skylanders, s’inspirant largement de son modèle économique, il offre sur le papier bien plus que cela et on se rapproche plus d’un LittleBigPlanet que de la juteuse licence d’Activision. Mais commençons par décrire ce qui vous attend lorsque vous allez ouvrir la boîte du gros Pack de Démarrage. Outre la galette, on retrouve 3 figurines des univers des Indestructibles, Monstres Academy et Pirates des Caraïbes. A leurs côtés, on trouve un Trophée permettant de déverrouiller les 3 premières aventures en relation avec ces univers, un Power Disc qui offrira un bonus à vos personnages et la fameuse base NFC USB qui servira a faire dialoguer les figurines avec le jeu.

disney-infinity-94

Avant de passer au jeu, attardons-nous quelques instants sur les figurines qui, comme les autres jouets physiques de Disney, sont de très bonne qualité. Rien à redire à ce sujet, les lignes sont fines et respectent parfaitement les univers de la marque aux oreilles, les peintures sont fidèles et ne débordent pas et la taille est tout à fait correcte (une dizaine de centimètres). De ce côté là, c’est un sans-faute et on pourrait même dire que les figurines sont plus réussies que celles de Skylanders. Mais bon, on ne va pas passer des heures à contempler ces joujoux, car c’est surtout leur puce NFC qui nous intéresse.

En effet, une fois le jeu lancé et configuré, la figurine et le Trophée posés sur la base, on peut lancer l’une des trois aventures proposées par le Pack de Démarrage Disney Infinity. Notez que si le Trophée n’est pas présent, vous n’aurez accès qu’à la Toybox, mais nous y reviendrons plus tard. Bref, qu’est-ce qui vous attend dans ces mini-campagnes ? Des scénarios originaux mélangeant plateforme et action tout en s’inscrivant dans la continuité de chaque oeuvre. Dans Pirates des Caraïbes par exemple, vous devrez aider Jack a récupérer 5 objets de par le monde.

En plus des phases traditionnelles d’action et de missions très classiques « va chercher tel objet », « va tuer x ennemis », etc. les développeurs s’autorisent quelques fantaisies. Ainsi, les différentes séquences à bord du Black Pearl nous laissent une liberté d’action étonnante, on peut se balader sur le pont du navire, utiliser les canons pour tenter de couler les bateaux adverses, prendre la barre et contrôler soi-même son vaisseau, etc. Mais, car il y a un mais (et là, on entre directement dans le vif du sujet) on se rend rapidement compte que Disney Infinity a le cul entre deux chaises. Explications.

Disney Infinity est vendu comme un jeu pour enfants. Le look cartoon des personnages, les situations gentillettes « à la Disney », les missions très simples et le gros logo PEGI7 sur la boîte ne sauraient mentir. D’un autre côté, le jeu est rempli de séquences pas forcément évidentes à appréhender pour des enfants. Dans les phases de bateau par exemple, pour progresser dans l’aventure, il faudra acheter des canons et les positionner pour optimiser les dégâts, une démarche fastidieuse pour les plus jeunes. Plusieurs fois en cours de partie, on s’est clairement demandé si un gamin arriverait a passer tel ou tel obstacle. Et cette constante bascule entre jeu pour enfant et produit pour adulte, on la retrouve au coeur de la partie la plus intéressante de Disney Infinity : la Toybox.

Si vous avez suivi notre interview de Matthew Solie et notre premier contact avec le jeu, vous savez que la Toybox est un sandbox qui reprend tout ou partie des assets du jeu appelés « Jouets » utilisables librement dans un décor vide pour créer en temps réel des jeux seul ou à plusieurs. Tous les Jouets sont déblocables soit via une loterie aléatoire où l’on dépense ses « Tours » offerts à chaque passage de niveau dans le mode solo/à la réussite de missions dans la Toybox, soit via des capsules trouvées dans les niveaux. Le concept de ce sandbox est très intéressant et va au-delà du simple LittleBigPlanet.

On peut même utiliser des Creativi-Toys pour « programmer » ou donner vie au monde créé. Une fois de plus, lorsqu’on regarde un développeur jouer ou lorsqu’on jette un oeil aux bandes-annonces, ça fait rêver. Mais une fois que l’on a tous ces outils en main, le calvaire commence. Car on a beau avoir de quoi créer des Mario-Kart-like ou de quoi refaire ses propres histoires, la Toybox s’avère une plaie à utiliser. Tout d’abord, les menus sont tellement brouillons que l’on s’y perd facilement et même après une dizaine d’heures à travailler dans ce sandbox, je me retrouvais souvent à chercher tel ou tel menu. Mode étincelle, Vue Jouet, Vue Constructions et je vous passe les sous-menus, il y a de quoi en perdre la raison. Les boutons d’action sont eux aussi mal configurés par défaut. Je ne compte plus les objets supprimés par erreur alors que je voulais les faire interagir entre eux. Même le HUB de la Toybox est incompréhensible (le « Hall des Héros » qui ne sert… à rien, franchement ?!).

disney-infinity-98

Evidemment, les menus du jeu souffrent eux aussi des même problèmes. Par exemple, il faudra naviguer dans 4 menus différents pour réinitialiser sa Toybox, etc. Enfin, la Toybox manque cruellement d’une véritable grille de positionnement d’objets. Le placement des plateformes est perfectible et les plus maniaques s’étonneront de retrouver des espaces vides entre 2 objets qu’ils voulaient coller entre eux. Heureusement tout n’est pas catastrophique, la Wii U et son écran tactile aidant à naviguer rapidement dans les menus en gardant l’espace de jeu sur la TV. Finalement, après de nombreuses tentatives infructueuses, je me suis contenté de créer des petits parcours d’obstacles plus ou moins interactifs, des arènes de combat rapidement répétitifs et des courses basiques.

On nous avait également vanté les mérites du partage de mondes via Internet. Malheureusement pour l’instant on constate que seules les Toybox officielles Disney sont accessibles et que les nôtres sont soumises à l’approbation des développeurs… Au sortir de mon expérience avec la Toybox, je me pose une nouvelle fois la question : est-ce intéressant pour un enfant ou un adolescent ? Qu’iront-ils créer avec la Toybox compte tenu des problèmes cités précédemment ? S’amuseront-ils plus de 30 minutes ? Vous comprenez donc ma déception. Car au-delà des heures d’aventure fournies avec chaque Pack de personnages, c’est bien cette Toybox qui est mise en avant dans la campagne marketing de Disney.

Pour revenir au jeu en lui-même, quelques petits détails à savoir avant l’achat éventuel : pour jouer en coopératif local sur l’une ou l’autre des aventures, il vous faut impérativement deux figurines de l’univers en question, donc passer à la caisse. Techniquement, le jeu est plutôt correct. Lorsqu’on prend en compte le fait que les aventures et la Toybox partagent les mêmes assets, on comprend qu’on est loin d’un titre next-gen mais cela ne m’a pas dérangé outre mesure. Par contre, il est à noter que les écrans de chargement sont un poil long et que la navigation entre les menus est elle aussi ponctuée par des petits ralentissements.

disney-infinity-95

Conclusion

Si la célèbre souris américaine a déjà déclaré être satisfaite par les ventes de Disney Infinity et de ses accessoires (presque 300000 unités vendues à la mi-septembre), le jeu peine à nous convaincre, principalement car on ne sait pas vraiment à qui il s’adresse. Les campagnes d’une durée de 5 à 7h par aventure amuseront surement les petits aidés de leurs parents. Par contre vous vous lasserez rapidement de la Toybox et ses Creativi-Toys, la faute à une interface poussive, peu claire, qui vous invite chaque instant à baisser les bras et vous contenter du minimum. Si la Toybox promet beaucoup, le concept s’essouffle rapidement. Dommage, vraiment dommage.

Note globale

★★½☆☆

BiLLOU95, Rédacteur en chef

Laisser un commentaire

Ce site ne sera plus mis à jour à partir du 30 septembre 2014. Plus d'informations